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Mondes de l'éducation

« Éducation – Changer le monde », par David Edwards.

Publié 18 octobre 2019 Mis à jour 30 octobre 2019
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La Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants (FCE/CTF) a consacré la dernière édition de son magazine « Perspectives » à l’éducation et à la démocratie. Le magazine traite des défis posés à la démocratie au Canada, en Amérique du Nord et dans le monde. Il fait également état des initiatives en matière d’enseignement engagées au Canada pour soutenir et renforcer les valeurs et les processus démocratiques.

Neuf articles figurent au sommaire de ce numéro de « Perspectives ». Des articles courts qui vont à l’essentiel. On y trouve des informations, des expériences et des idées utiles. Bien que s’adressant aux Canadien·ne·s, en particulier aux membres de la FCE/CTF, le sommaire présente un intérêt pour les syndicalistes de l’éducation comme pour d’autres ailleurs. Le magazine fait le lien entre l’expérience nationale et la lutte mondiale pour la défense et le renforcement de la démocratie qui était au cœur des débats lors du 8e Congrès mondial de l’Internationale de l’Éducation, à Bangkok.

Disponible en anglais et en français, le magazine comprend les articles suivants:

Pour résoudre la crise de la désinformation, il faut prendre l’habitude de vérifier les faits par Matthew Johnson, Directeur de l’éducation chez MediaSmarts, explore l’univers obscur des « infox » et d’autres formes de désinformation systématique sur Internet. L’étude de MediaSmarts a constaté que, aux yeux des parents, les « infox » constituaient une préoccupation plus importante que les intimidations et les prédateurs qui rôdent sur la toile. MediaSmarts propose une aide en littératie médiatique au travers des étapes suivantes: outils de vérification des faits, consultation d’autres sources, recherche des sources originales et vérification des sources.

Un plus grand accès grâce au Citizenship Project par Rachel Lissner, coordonnatrice des programmes éducatifs du volet accessibilité et inclusion au Miles Nadal Jewish Community Centre à Toronto, décrit un projet visant à dispenser une éducation civique et à fournir un accès au système électoral à de jeunes adultes ayant une déficience, dont seuls quelques-un·e·s ont bénéficié d’une éducation civique suffisante pendant leurs études secondaires dans l’Ontario. Ces cours étaient souvent annulés au profit de cours de littératie et de numératie.

Le coin de Cassie, par Cassie Hallett, Secrétaire générale de la FCE/CTF, explique que l’éducation n’avait pas pour seul objectif d’obtenir un diplôme, mais « d’aider à devenir des citoyens et citoyennes qui continueraient de contribuer à leur communauté, à leur pays et au monde ». Elle affirme que, malgré les garanties données par les pouvoirs publics, l’enseignement public ne bénéficie pas des ressources nécessaires et que certaines tendances actuelles pourraient ouvrir la voie à la privatisation. Àl’inverse, Hallett propose un nouvel engagement en faveur de l’enseignement public et de ses valeurs, pour faire en sorte que « notre démocratie soit plus sûre et la vie des générations futures, bien meilleure ».

L’éducation et la démocratie, par Fred van Leeuwen, Secrétaire général émérite de l’Internationale de l’Éducation (IE), explique la logique et la ligne directrice du livre écrit avec la Présidente de l’IE, Susan Hopgood, « Éducation & Démocratie: 25 leçons de la profession enseignante».  Il conclut ainsi: « Si nous voulons bâtir des sociétés plus décentes et plus équitables où l’espoir l’emporte sur le désespoir, ainsi que des démocraties plus fortes et plus stables, nous devons absolument mener à bien la mission de l’éducation, soit former des êtres humains équilibrés et pas seulement les rouages d’une machine économique ou les objets de l’attention des marchés. L’éducation met du temps à porter ses fruits, mais il faudra encore plus de temps si nous, syndicalistes et membres de la profession enseignante, ne faisons pas de la démocratie une priorité urgente et fondamentale. »

Contre-attaquer pour aller de l’avant: Un rapport des premières lignes de la campagne Fight Back de l’Institut Broadbent par Katrina Miller, Directrice de programme de l’Institut Broadbent, soutient que le Canada n’est pas immunisé contre la menace« des autocrates en puissance qui se posent en guerriers populistes de la classe ouvrière », qui a touché tant d’autres pays. Elle décrit les réseaux des groupes et des clubs de réflexion de droite au Canada, leur mode opératoire et de financement, et souligne les efforts entrepris pour « contre-attaquer » face à la propagande qu’ils diffusent sur les réseaux sociaux et ailleurs.

Au-delà des élections par Andrew King, Directeur des communications de la FCE/CTF, affirme que la démocratie représente bien plus que de simples élections périodiques. C’est aussi tout le travail acharné entrepris entre les élections qui, bien souvent, détermine si les dirigeant·e·s élu·e·s se souviennent de leurs promesses et agissent pour les citoyen·ne·s. Il cite les actions de masse menées par les jeunes contre les changements climatiques comme contribution significative au fonctionnement de la démocratie. Les questions prioritaires de la FCE/CTF pour les prochaines élections fédérales sont les changements climatiques, la pauvreté, la santé mentale, l’égalité entre les genres et des syndicats et des droits sociaux forts.

Le code Morse par Shelley L. Morse, Présidente de la FCE/CTF, défend l’idée que le changement est possible et explique l’importance de ce qui se passe en ce moment dans le monde. Elle souligne ces deux points en écrivant: « Le fait qu’une jeune de 16 ans devienne le visage de la lutte contre les changements climatiques, le grand défi de notre époque, pendant que la plupart de nos dirigeantes et dirigeants politiques sont restés les bras croisés devrait nous envoyer à tous et à toutes un message clair. » Elle maintient que, bien que la lutte en faveur de l’égalité des genres au Canada soit encore loin d’être terminée et que les progrès doivent s’inscrire dans la durée, la FCE/CFT a travaillé activement dans le domaine de l’égalité des genres et sur nombre d’autres dossiers, avec l’IE et de manière bilatérale. Morse a insisté sur l’importance des Objectifs de développement durable et mis l’accent sur l’éducation des innombrables jeunes filles qui sont toujours privées de leur droit à l’éducation.

L’éducation publique : Le fondement de la démocratie, par Lily Eskelsen García, Présidente de la National Education Association (NEA), États-Unis, explique que sa conviction profondément ancrée d’un progrès inévitable de la démocratie et de la justice sociale a récemment été ébranlée. Elle conclut : « Nous utiliserons notre pouvoir collectif pour protéger notre démocratie. Pendant des générations, les enseignantes et enseignants ont bâti l’avenir de ce monde dans lequel nous vivons. Nous sommes maintenant prêts à récupérer et à rétablir la boussole morale et éducative à l’échelle mondiale. »

L’avenir de la démocratie canadienne par Dan Allan, Directeur du contenu à CIVIX, décrit « Vote étudiant », un programme créé en 2002, en Alberta, pour stimuler la compréhension et l’intérêt des étudiant·e·s pour la politique électorale. Le programme a été étendu à d’autres provinces. Près de 35.000 enseignant·e·s et quelque 1,2 million d’étudiant·e·s participeront au Vote étudiant Canada 2019, dans plus de 9.000 écoles à travers le pays.

Bien que la date de parution de ce numéro de « Perspectives » précédait les élections fédérales du 21 octobre, son sommaire est pertinent pendant toute l’année et présente un intérêt au-delà des frontières canadiennes.

L’ouvrage et les initiatives en matière d’éducation et de démocratie présentés dans cette édition contribuent à transformer les doutes actuels sur la viabilité et les violations de la démocratie en un appel énergique et optimiste à investir dans la démocratie en tant qu’enseignant·e·s et citoyen·ne·s.

L’action de la FCE/CTF en faveur de l’éducation et de la démocratie est l’une des nombreuses initiatives engagées par les organisations membres de l’IE, mais elle constitue également un exemple et une source d’inspiration pour les autres. C’est pourquoi il m’est apparu important d’attirer plus particulièrement l’attention sur cet important travail.

L’article signé par Shelly L. Morse, Présidente de la FCE/CTF, commence par une citation de l’anthropologue Margaret Mead:

« Ne doutez jamais qu’un petit groupe de citoyennes et citoyens engagés et résolus puisse changer le monde. En fait, c’est toujours ainsi que surviennent les changements. »

Le contenu et les avis exprimés dans ce blog sont ceux de son auteur et ne reflètent pas nécessairement la position officielle de l’Internationale de l’Education.